dimanche 30 janvier 2011

LA POPULATION:

Les sept wilayas qui englobent le périmètre Thenia - Sétif - Jijel totalisent une population de près de six millions de personnes dont, suivant les estimations, de trois à trois millions et demi de kabylophones. La densité démographique est forte pour une région à dominante montagnarde et rurale. Elle atteint même 375 hab./km2 dans la wilaya de Tizi-Ouzou, où se rencontrent pourtant les altitudes les plus élevées. Le phénomène n'est pas nouveau et il frappa particulièrement les colonisateurs français. Il est d'autant plus original que la taille des centres urbains de la région est longtemps restée limitée, le village étant traditionnellement la forme principale d'agglomération.
La question de l'origine de ces hautes densités montagnardes divise encore les historiens. Aux extrêmes s'opposent la thèse d'un peuplement dense très ancien, antérieur à la présence romaine, et celle d'un afflux tardif, consécutif à l'arrivée des Arabes. Toutefois un relatif consensus se dégage sur plusieurs points. Pour commencer, une distinction semble s'imposer, pour l'ensemble de l'Afrique du Nord, entre un premier peuplement berbère, « paléo-montagnard », caractérisé par la pratique des cultures en terrasses, s'étendant progressivement depuis les Aurès et l'Atlas saharien jusqu'aux Hautes Plaines ; et un second, « néo-montagnard », ignorant la technique des terrasses et propre aux massifs du Tell : c'est à cette dernière vague, plus tardive, que l'on rattache les premières populations de Kabylie.
La présence de populations dans l'ensemble de la région, dès l'époque romaine au moins, paraît également attestée, le seul point encore en débat portant sur le peuplement du territoire relativement restreint, mais aussi le plus densément peuplé, que constitue le massif Agawa. Enfin, il est généralement admis que ce peuplement initial s'est trouvé accru, à partir du Xe siècle, de l'apport de populations d'agriculteurs menacés par le processus de pastoralisation des plaines puis, à partir du XIVe siècle surtout, par les prélèvements fiscaux du makhzen. De plus, les traditions locales paraissent corroborer l'hypothèse d'une dualité historique du peuplement kabyle.

LA LANGUE:

Les Kabyles font partie des Berbére (Imazighen). Leur langue, le kabyle (taqbaylit), est une variété du berbère (tamazight). Elle compte un nombre important de locuteurs en dehors de Kabylie, de l'ordre de deux à deux millions et demi, dans le reste du pays (notamment à Alger où ils représentent une forte proportion de la population) et à l'étranger (principalement en France où ils seraient près d'un million de personnes, mais aussi dans le reste de l'Europe et au Canada). On peut estimer à cinq millions et demi le nombre total de berbérophone, ce qui en fait le deuxième groupe berbérophone dans le monde, après les Chleuhs du Maroc.
Le territoire de la Grande Kabylie compte peu d'arabophones. En revanche, Basse et Petite Kabylies ont été davantage arabisées. Le processus est ancien en Basse Kabylie, où il remonte à la période ottomane. À cette époque, des terrains de la région furent concédés à quelques familles d'origine turque ou arabe ainsi qu'à la tribu des Iamriwen, constituée d'aventuriers et de proscrits des autres tribus kabyles. En même temps que la garde et l'usage des terres de plaines, ils recevaient de leurs commanditaires un cheval avec la charge de tenir en respect les populations avoisinantes. Leur contrôle s'étendit jusqu'en Haute Kabylie, sur toute la moyenne vallée du Sebaou : là comme dans les basses plaines, le makhzen se montra un puissant facteur d'arabisation. Toutefois on a assisté depuis à une rekabylisation partielle de ces territoires.
En Petite Kabylie, le kabyle était encore majoritairement parlé au XIXe siècle jusqu'au-delà de l'Oued el Kebir. Si Jijel et ses environs étaient déjà arabisés, vers l'intérieur il n'y avait pas encore de rupture territoriale entre les parlers kabyle et chaouïa. Le Guergour est à moitié arabophone, le Ferdjioua en totalité. Dans l'est algérien, l'expression de Kabyles el hadra a été créée pour désigner les montagnards arabisés du Nord-Constantinois.
En Grande Kabylie et dans la partie de la Petite Kabylie où le kabyle prévaut, il est la langue maternelle et quotidienne de la presque totalité de la population. Là où populations kabylophones et arabophones sont en contact, un bilinguisme kabyle-arabe algérien est pratiqué de part et d'autre. À Béjaïa et à Tizi-Ouzou, où la population urbaine traditionnelle était majoritairement arabophone, l'exode rural qui a suivi l'indépendance a généralisé la diffusion du kabyle. Quant à l'arabe litterale, son emploi est cantonné au système d'enseignement et aux administrations de l'État central. En pratique, c'est plutôt le français qui est employé pour les usages écrits ou savants et, de façon presque exclusive, dans le commerce et la publicité.


vendredi 21 janvier 2011

Géographie

Nom et territoire
carte de la grande kabilie en 1857
En français, Kabylie dérive de Kabyle, dont l'étymologie la plus courante fait une déformation de l'arabe qabā'il, pluriel de qabila (القبيلة), « tribu ». Au sens premier, les Kabyles seraient donc simplement les « gens des tribus ». Dans l'histoire précoloniale de l'Afrique du Nord, la tribu est la forme d'organisation sociale qui s'est maintenue contre ou malgré toutes les tentatives de soumission des États makhzen émergents. Les officiers français, successeurs du makhzen turc, se sont d'abord servi du terme pour distinguer moins une ethnie ou une région spécifiques qu'un type d'adversaire particulièrement opiniâtre : le montagnard. Mais le mot fut aussi employé pour désigner de façon plus spécifique les seuls montagnards berbérophones ou encore, plus généralement, tous les Berbères sédentaires, voire tous les sédentaires d'Afrique du Nord
Initialement la dénomination Kabylie, au singulier ou au pluriel, était appliquée à toutes les régions peuplées de Kabyles, à tous les sens de ce terme, et avait donc la même élasticité que lui. Mais elle prit à partir du milieu du XIXe siècle une signification plus précise, pour être progressivement réservée à l'ensemble d'un seul tenant que forment les montagnes telliennes entre Alger et Constantine, autour des massifs du Djurdjura et des Babors. Le mot Kabyle se vit à son tour redéfini pour ne plus s'appliquer qu'à la population habitant ou originaire de la région ainsi circonscrite, qui était encore presque entièrement berbérophone. L'espace alors délimité sur cette double base géographique et humaine recoupe de nombreuses circonscriptions de l'Algérie contemporaine : la totalité des wilayas de Tizi-Ouzou (Tizzi Wezzu) et Béjaïa (Bgayet), une grande partie de celle de Bouira (Tubiret), une part aussi de celles de Boumerdès (Bumerdas), Bordj-Bou-Arreridj (Burdj Bu Arreridj), Sétif (Stif) et Jijel, ainsi que des marges de celles de M'Sila (Tamsilt), Mila, Constantine (Qsemṭina) et Skikda.
Avec la progression de l'arabisation, l'usage tendit à faire sortir du périmètre d'application du terme les franges les plus arabisées de la Kabylie « historique ». Chez les Kabyles des années 1950 déjà, le mot Aqbayli, bien que sans traduction territoriale rigoureuse, renvoyait grossièrement à l'espace compris entre Thenia à l'ouest, Sétif et Jijel à l'este. dans le même sens, les cartes en circulation dans la mouvance régionaliste contemporaine se cantonnent à l'intérieur du cadre des sept wilayas de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Bouira, Bord-Bou-Arreridj, Sétif et Jijel. Dans une acception minimaliste, la Kabylie est parfois simplement assimilée à sa partie nord-occidentale, la Grande Kabylie, étendue jusqu'à l'ouest de Béjaïa pour englober la majeure partie de l'aire kabylophone actuelle
 la grande kabylie
La Grande Kabylie correspond au territoire que les anciens Kabyles nommaient Tamawya taqbaylit (ou Tamawya), la « Fédération kabyle ». Elle se distingue par son altitude de la Petite Kabylie, au sud-est, et de la Basse Kabylie, à l'ouest, et s'étend du nord au sud de la côte méditerranéenne jusqu'aux crêtes du Djurdjura. Trois ensembles montagneux en occupent la plus grande part :
  • au nord, jusqu'à la mer, et à l'est, les hauts massifs boisés de la Kabylie maritime, qui culmine au mont Tamgout (1278 m), et de l'Akfadou, qui marque le début de la Petite Kabylie ;
  • au sud, la chaîne calcaire du Djurdjura, surplombant au nord-ouest la dépression Draa El Mizan-Ouadhia, au sud la vallée de l'oued Sahel-Soummam, et culminant au Lalla-Khadîdja (ou Tamgut Aâlayen ; 2308 m) dans la commune de saharidj bouira, plus haut sommet de tout l'Atlas tellien ;
  • entre les deux, bordées au nord par le bassin du Sebaou, jouxtant le Djurdjura au sud-est, profondément entaillées par de nombreuses gorges, les montagnes anciennes du massif Agawa, le plus densément peuplé, avec huit cents mètres d'altitude moyenne[19],[20]. C'est là que se trouvent Tizi-Ouzou, fondée à l'époque coloniale et appelée autrefois « le village », aujourd'hui principale ville de Grande Kabylie ; ainsi que Larbaâ Nath Irathen, centre urbain le plus élevé de la région, à environ mille mètres d'altitude, et la moitié de la wilaya de Bouira à savoir : Lakhdaria (ex Palestro), Kadiria, Bouira, Haizer, Bechloul, M'chedallah, c'est-à-dire la grande kabylie (l'ancien département de grande kabylie est limité par les wilayates Béjaïa au niveau de Aghbalou, Chorfa et une partie de Taourirt dans la wilaya de Bouira, et BBA au niveau d'une partie de Taourirt, Ahnif, Ahl El Ksar, et par la wilaya de Titri Media actuellement.
Les expressions de Haute Kabylie ou de Kabylie du Djurdjura sont souvent employées comme synonymes de Grande Kabylie, parfois aussi pour désigner plus spécifiquement la partie située au sud du Sebaou.

tizi ouzou


 

 


tizi ouzou

 

 

 

 

 

Petite Kabylie


beni ourtilane"ait wartilane "

beni ourthilane "ait wartilan"


sidi 3ich a bejaà

La Petite Kabylie gravite quant à elle autour de Béjaïa (anciennement Bougie), l'antique Saldae, la plus grande ville de Kabylie, surnommée par les Kabyles Bgayet n Lejdud, « Bougie des Ancêtres ». Son territoire reprend en partie les contours de l'ancienne province de Bougie, décrite par Ibn Khaldoun. Elle englobe la vallée de la Soummam jusqu'à la côte et se poursuit par la « Corniche kabyle », qui surplombe la Méditerranée entre Béjaïa et Jijel. Plus au nord, elle s'étend sur les versants du Djurdjura oriental et de l'Akfadou (point culminant à 1623 m). Elle se prolonge vers le sud jusqu'à la chaîne des Bibans et vers l'est par celle des Babors, dont le mont éponyme est le plus haut sommet de la sous-région (2004 m). Les définitions les plus larges y incluent le massif de Collo, voire les montagnes qui bordent la plaine d'Annaba. En superficie, la Petite Kabylie n'est pas plus « petite » que la Grande, elle est même beaucoup plus étendue si on ne la limite pas à la wilaya de Béjaïa. Mais elle est morcelée par le relief, au point qu'on préfère souvent y voir plusieurs « Kabylies » : Kabylie de la Soummam (parfois rattachée, au moins pour son versant nord, à la Grande Kabylie), Kabylie des Babors (parfois considérée comme « la » Petite Kabylie stricto sensu), Kabylie de Collo, Kabylie orientale...

Basse Kabylie

 

 

 

 

ait mansour

ait mansour

 

L'expression de Basse Kabylie est fréquemment appliquée à la Petite Kabylie mais sert aussi à désigner une autre partie de la région, celle qui s'étend entre la Mitidja et la basse vallée du Sebaou. Premier sous-ensemble kabyle rencontré en venant d'Alger, c'est un espace de transition entre plaine et montagne. Beaucoup moins étendue que la Haute Kabylie voisine, la Basse Kabylie est aujourd'hui englobée dans la wilaya de Boumerdès.
L'usage de ces termes (Grande - Petite - Basse Kabylie) tombe en désuétude parmi les kabyles, il subsiste à divers degrés au sein des populations émigrées.

Climat
La Kabylie comporte plusieurs zones climatiques. Le littoral et la Kabylie maritime sont de climat méditerranéen. L'hiver y est plutôt doux comparé au reste de la région, avec une température de 15 °C en moyenne. La période estivale, rafraîchie par les vents marins, présente une température moyenne de 35 °C environ.
Sur les hauteurs le climat est beaucoup plus rude, avec parfois des températures négatives et une neige abondante l'hiver ; et des étés très chauds, très secs, notamment vers le sud où la pluviométrie est moindre. Cependant dans les parties les plus hautes la température estivale est modérée par l'altitude.
Sur les plateaux et dans les vallées intérieures, l'hiver est sensiblement identique à celui des hauteurs. Mais en été, du fait de l'enclavement et de l'exposition aux vents du sud, les températures sont particulièrement élevées : c'est le cas à Medjana, sur les Hauts Plateaux, comme à Akbou, dans la vallée de la Soummam, couloir idéal pour le passage du sirocco. Dans la ville de Tizi-Ouzou la température peut atteindre les 46 degrés quand elle est de 35 degrés à Dellys.
Hiver
Printemps
Été
Automne
Froid, neigeux et pluvieux
Ensoleillé avec des épisodes de pluie fréquents
Très chaud et sec, épisodes orageux
Très pluvieux avec du soleil parfois
T° entre -5° et 15°
T° entre 20° et 35°
T° entre 30° et 45°
T° entre 15° et 25°

La Kabylie bénéficie d'une pluviométrie relativement abondante qui a facilité le développement d'une agriculture typique. En Grande Kabylie, les régions intérieures sont plus arrosées en raison de l'ascension et de la décompression des vents humides : ainsi à Larbaâ Nath Irathen, la pluviométrie est de 1 059 mm contre 833 mm à Tizi Ouzou.
Une ligne de crête qui traverse la région en joignant l'Atlas blidéen, le Djurdjura, les Babors, le massif de Collo et l'Edough, sépare une zone nord très pluvieuse (plus de 800 mm de précipitations par an) d'une zone sud moins arrosée (de 600 à 800 mm par an). Cette différence de pluviosité aurait eu pour conséquence une végétation naturelle plus ou moins dense : aux versants nord, initialement couverts d'une forêt peu hospitalière, devenus plus tard terres de vergers, s'opposeraient ainsi des versants sud plus facilement et sans doute plus précocement peuplés, car plus immédiatement propices à la culture et à l'élevage. Ce facteur introduit un élément supplémentaire de distinction entre Grande et Petite Kabylies. En effet la première, si l'on en exclut le versant sud du Djurdjura (comme le fait d'ailleurs le tracé de l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou), se trouve entièrement en zone de forte pluviosité. Au contraire, en Petite Kabylie les orientations combinées du littoral et du relief ne laissent que peu de profondeur aux versants nord. Elles font plus de place aux zones moins humides, comme le Guergour et le Ferdjioua qui s'étendent entre Babors et Hauts Plateaux.



 

jeudi 20 janvier 2011

La Kabylie est une région historique et ethnolinguistique fortement homogène située dans le nord de l'Algérie, à l'est d'Alger. Terre de montagnes densément peuplées, elle est entourée de plaines littorales à l'ouest et à l'est, au nord par la Méditerranée et au sud par les Hauts Plateaux. Dénuée d'existence administrative globale, elle tient son nom des Kabyles, population berbère dont elle est le foyer.
Ses habitants berbérophones la nomment en kabyle Tamurt n Leqbayel  « Pays des Kabyles ». Les arabophones l'appellent بَلَد القبائل (prononcé [blæd ləqbæyəl] en arabe algérien), littéralement « Pays des Tribus ».